mercredi 17 juin 2015

Ce que chaque langue nous apporte

Depuis mon enfance, j'éprouve un intérêt particulier pour les langues vivantes, et surtout pour leur grammaire, allez savoir pourquoi !
À vrai dire, je n'ai pas l'oreille très musicale. Je crois que j'aime voir les idées habillées de plusieurs manières.
L'expression personnelle est plus libre quand on a plusiures cordes à son arc.

Apprendre en voyage ou à l'école ?



L'école m'a permis de découvrir quelques langues :
  • L'allemand, entre structure et liberté ;
  • L'anglais, pour commencer à chanter en play back des chansons des Beatles ;
  • Le latin, pour les déclinaisons ;
  • Le grec ancien, cette langue étrange à l'alphabet différent, qui fonctionne sur le trois. Par exemple, elle a 3 genres (féminin-masculin et neure) et 3 nombres (singulier - pluriel - duel).
À chaque fois, l'initiation linguistique ouvrait de petites fenêtres philosophiques :

" Mais alors, en allemand, on ne comprend pas la phrase si l'on n'écoute pas le dernier mot ?
-- C'est vrai : le verbe est à la fin !"

"Mais alors, en anglais, tous les mots se ressemblent ?"
-- N'exagérons rien, mais il est vrai que les terminaisons sont plus simples qu'en français ; on exprime les nuances différemment sans redondance..."

"Mais alors, les latins, ils déclinaient tous les mots ?
-- Disons que les études actuelles s'attachent aux textes écrits des orateurs, philosophes, historiens, etc... Ce n'est pas le langage de la rue !"

"Mais alors, les Grecs, quand ils étaient deux, ils n'étaient pas plusieurs ?
-- Eh non, hé, hé, hé..."

Ces quelques considérations sont moins anodines que l'on ne croit. Plus tard, c'es en autodidacte que j'ai abordé le polonais, le russe et le lituanien.
J'ai rerouvé des nuances glanées dans la grammaire d'autres langues, ce qui me permettait d'avancer plus vite et de mieux comprendre les tournures étrangères.

"La forme, c'est le fonds qui remonte à la surface"


On peut creuser davantage encore l'idée. Quand Steiner préconise l'apprentissage des langues, il vise la transmission de qualités de l'âme. Chaque langue porte en elle une vitalité particulière qui enrichit l'âme qui la découvre.
Le génie des langues est d'une infinie générosité.
Pour moi, le polonais ou le russe, avec leurs "R" qui roulent, sont des langues de coeur et des émotions qui mènent à l'action. Les parler me déprend d'une certaine froideur et je les utilise toujours avec davantage de bonne volonté que de technique, me reconnectant à une dimension humaine régénérante.

La langue des signes par exemple, produit sur moi le même effet, redonnant au corps le droit de s'immiscer dans les idées : le discours traduit en LSF a vraiment les pieds sur terre !

Rudolf Steiner, visionnaire, définit assez précisément ce qu'apporte chaque langue à l'âme : le français lui semble représenter une décadence. On doit épargner les enfants et en abolir l'amer enseignement. Lisez plutôt ici une


Au pied de la lettre, impossible de ne pas réagir. Méfions-nous cependant des interprétations abusives et comme toujours, chaque médaille a son avers !

Belles découvertes linguistiques à tou(te)s,
CB, Mai 2015.






vendredi 12 juin 2015

Être libre de communiquer avec les autres - Interview vidéo de David Miller.

ND : Pourquoi ce livre ?

DM : En fait, mon intention n'était pas d'écrire un livre, mais tout simplement de composer un document interne pour des professeurs qui, comme moi, débutent dans une école Steiner-Waldorf.

Pourtant, j'avais beaucoup d'expérience en matière d'enseignement et de formation à la langue anglaise. Cela dit, très vite, je me suis rendu compte qu'en l'absence de programme détaillé, de guide, de manuel pour enseigner l'anglais, je me sentais comme une astéroïde dans l'immensité spatiale !

 C'est ainsi qu'avec un petit groupe, nous avons pensé établir un guide à usage interne.

ND : Pourquoi d'autres professeurs de langue ?

DM : Mon expérience de l'enseignement avec les grands enfants que sont les adultes demandait à s'enrichir de l'expérience des enseignants déjà expérimentés dans cete écle. L'autre idée, c'est que j'aime travailler en équipe, ce qui apporte une vraie dynamique et un soutien solide.

ND : Quels moments forts ?

DM : Nos rencontres très conviviales avec du thé anglais, des gâteaux italiens, français et allemands étaient des moments particulièrement intenses, pour travailler ensemble, pour échanger et pour évoquer de vraies questions de pédagogie.

ND : Que représente le Vademecum ?

DM : Cet ouvrage est une somme de mon expérience de l'enseignement. Avant d'entrer dans cette école, je n'avais jamais enseigné à des enfants. En prenant en compte l'approche de l'enseignement dans la pédagogie Steiner-Waldorf, qui venait compléter en quelque sorte mon expérience de l'enseignement depusi le début, de l'enfance jusqu'à l'âge adulte, je vois combien il est essentiel de respecter chaque personne et de l'aider, d'autant plus quand il est question d'une langue, a fortiori d'une langue étrangère, à accéder à un certain niveau de liberté. L'enseignement doit s'adapter à ce que chacun peut apprendre pour être capable de communiquer avec les autres.

Merci à David Miller.


Interview : Nathalie Dubois, avril 2015

Montage, image et son : Sara Spigarelli

Transcription libre : Céline Bernard.






jeudi 11 juin 2015

S'accorder - Interview vidéo de Sara Spigarelli

ND : Pourquoi vous joindre à ce projet ?

Sara : L'idée de participer à ce projet est venue principalement du désir de se rencontrer pour tranvailler avec des collègues autour d'un sujet important, à savoir l'enseignement des langues étrangères. De là est née l'idée d'une écriture collective.


ND : L'avantage de travailler à plusieurs ?

Sara : Pour moi, c'est déjà l'occasion de profiter de l'expérience des collègues et de considérer l'autre comme une ressource, de par son vécu et son savoir aussi.
Dans ces moments-là, on enrichit sa propre expérience d'enseignement, ses propres représentations de l'apprentissage, sa propre vision de la classe avec les enfants grâce à une diversité de points de vue très bénéfique.

ND : Quels moments forts ?

Sara : Ce sont les moments où, au-delà de nos différentes perceptions et après avoir discuté, étudié, exploré différents aspects de la pédagogie, nous trouvions des points de contact et d'accord. Entre nos différentes opinions, il était très satisfaisant de trouver un appui commun. C'est l'atmosphère chaleureuse conviviale et amicale de nos rencontres qui nous a permis de parvenir à cette coordination, et même à cette harmonie.

ND : Que représente le Vademecum ?

Sara : Ce projet est pour moi une première expérience d'écriture et de formalisation, dans un domaine qui me passionne : l'enseignement. C'est l'occasion concrète de faire un premier pas sur la route que j'ai choisie : la pédagogie.

Merci à Sara Spigarelli.


Interview : Nathalie Dubois, avril 2015

Montage, image et son : Sara Spigarelli

Transcription libre : Céline Bernard.

mercredi 10 juin 2015

L'amour du métier ou l'amour des élèves ? Part 3/3


“Receive children in reverence, educate them in love, and let them go forth in freedom.” Rudolf Steiner.
« Accueillez-les élèves dans le dévouement, éduquez-les dans l'amour et laissez-les aller dans la liberté » (Trad. CB)

Head, Heart and Hands, les trois inspirations/aspirations

Il n’est pas dit d’une façon explicite que Mr Chips aimait ses élèves, mais on comprend qu’il avait beaucoup d’affection pour eux et il se rappelait de chacun. Cette affection, conséquence de son expérience de l'amour (aimer et être aimé), lui a permis d’accueillir ses élèves autrement, avec une certaine sérénité et élégance, et de ne pas se sentir remis en cause chaque fois qu’un élève ne respectait pas le cadre de l’école. Ses appréhensions, ses peurs et ses colères de jeune professeur soupçonneux, se méfiant de comportements peut-être irrespectueux de ses élèves, avaient disparus.

Actuellement, de nombreux documents et brochures anglo-saxons dédiés à la pédagogie Waldorf Steiner, évoquent le triple Head, Heart and Hands (Tête, Cœur et Mains). Hélas, la traduction française : Tête, Cœur et Mains, abandonne la musicalité de la langue anglaise. Ces trois mots, dénués de leurs voyelles longues et douces et de la répétition des 3 consonnes H ouverts, perdent leur impact émotionnel.

Reste le sens : Head fait référence au mental, au travail intellectuel, Hands à toutes les activités manuelles et Heart à tout le ressenti et l’émotionnel. Pour la personne formée à la pédagogie Waldorf Steiner, cette triple perspective est bien connue, même si d’autres mots conviennent également, tels que le respect, l’accompagnement, l’épanouissement, la capacité, la liberté, etc. Rarement, on parle de l’amour.

L'amour, comme principe et comme idéal




L'expérience de l'amour qu'a (eue) chaque professeur est importante, me semble-t-il. Après l'avoir vécu, il peut savoir ce que c’est d’aimer et d’être aimé sans conditions.

Cet amour sans conditions, c'est-à-dire sans obligation en retour, est un amour suprême. Même soumis à des conditions, l'amour enseigne au professeur à aimer ses élèves dans le sens le plus pur, c'est-à-dire les aimer pour ce qu’ils sont, et non pas pour ce qu’ils devraient ou pourraient être...
Langue des signes

Ainsi se tisse une authentique relation entre élèves et professeurs. N’oublions pas que l'enseignant est le modèle de ce qu’il apporte à ses élèves : modèle de peur et sanctions ou d’amour et de solutions ? Comme Mr Chips, il a le pouvoir de le décider.

Un élève qui est aimé le ressent et se laissera influencer avec le temps. Même s’il continue à ‘faire des bêtises’, il les fera avec un autre cœur et probablement avec une autre intention. Le professeur, lui-même aimé, vivra de telles perturbations autrement, disons plus calmement.

Pour paraphraser un proverbe célèbre : « Aimez-vous les uns et les autres », je dirai :

« Aimez-vous d’abord vous-même, et ensuite, vous aimerez les autres ».

DGM - CB, mai 2015

dimanche 7 juin 2015

L'amour du métier ou l'amour des élèves ? Part 2/3




“Receive children in reverence, educate them in love, and let them go forth in freedom.” Rudolf Steiner.
« Accueillez-les élèves dans le dévouement, éduquez-les dans l'amour et laissez-les aller dans la liberté » (Trad. CB)

Langage du corps, langage du cœur et langage de l'esprit

Nous sommes loin de Mr Chips et de la brutalité des écoles d’une autre époque, mais la question de la relation entre l’élève et de son professeur reste cruciale et essentielle.

« Notre corps ne ment jamais »

Alice Miller, psychanalyste devenue psychothérapeute, est l'auteure d'un livre intitulé Notre corps ne ment jamais. Elle démontre les répercussions sur notre corps de nos émotions refoulées, et met en lumière les conséquences des actes de violence physique et mentale sur les enfants. Par des abus trop souvent associés à la morale et à la religion, on met souvent, sinon toujours, les enfants hors d’état d’aimer et de nouer des relations confiantes et sereines.

Parents et professeurs = même combat ou même amour ?

Aujourd'hui, le regard des parents sur le geste pédagogique, la discipline et les résultats ont évolué. Ni le titre, ni la parole du professeur ne sont plus « l’évangile ». Au contraire ! D'autant plus dans une école Waldorf Steiner, où chaque parent, sollicité moralement et financièrement dans le système scolaire, est partie prenante de l’éducation de son enfant.

Pour le professeur de langue, comme pour Mr Chips, la question de l'accompagnement des élèves restent toujours aussi pertinente. L’existence d’une liste de sanctions dont l’objectif est de faire peur à l’élève ne résoudra pas cette question complexe.. D'une part, l’efficacité des menaces de sanction n’est pas prouvée et d'autre part, elle semble en contradiction avec l’approche pédagogique d’une école Steiner Waldorf : dans la mesure où chaque professeur est libre de conduire sa classe, l’élève risque de connaître une discipline incohérente.

Enfin, il peut exister des écarts, jusqu'à une incompatibilité, entre les principes éducatifs existant à la maison et à l'école.

Autorité et discipline : comment trouver l'équilibre ?



Revenons à notre ami Mr Chips ! Il a découvert l’amour à plus de 40 ans plus. Peu à peu, son attitude face à ses élèves a changé. C'est ainsi qu'il s'est mis à les traiter avec humour, affection, attention. Toujours à l’écoute, avec une vraie connaissance de leur vie, chaque fois avec des anecdotes, il pose clairement ses limites. En cas de difficultés, il cherche une solution éducative plutôt que des sanctions, acceptant que les enfants soient des enfants (littéralement "les garçons", car les écoles ne sont pas mixtes !) :

‘Boys will be boys’


DM et CB, Mai 2015

À suivre : L'amour du métier ou l'amour des élèves ?

3ème partie/3 - Head, Heart and Hands, les trois inspirations/aspirations

mercredi 3 juin 2015

Compte-rendu de la Table Ronde du mardi 2 juin – Saint-Genis-Laval







Présents : Susanne Peters, Sara Spigarelli, David Miller, Céline Bernard – 5 participants dans le public


Salle d'eurythmie de l'école Steiner de Saint Genis-Laval.



Introduction : les Français et les langues étrangères – David.



1 - Appel à contributions – Céline

 

4 questions sont proposées en 4 langues. Chaque personne reçoit un post-it pour proposer sa réponse.

Le résultat est un panorama de la représentation de l'enseignement des langues pour le groupe présent. 



2- Démonstrations d'activités


Susanne illustre l'enseignement de l'allemand dans les classes 1 à 5 : mouvement et répétitions : le geste est associé à la parole et les élèves sont conduits petit à petit à s'exprimer eux-mêmes, d'après les comptines et les jeux mémorisés. Les élèves font déjà des phrases en contexte. Les jeux de balles favorisent l'interactivité.




Sara illustre les cours d'anglais jusqu'en 5ème. Les aspects ludiques, interactifs et en relation avec l'environnement quotidien des élèves – la nature, sont privilégiés. Les jeux de balles sont l'occasion de travailler des phrases types : exemple de « big or small ». La construction de l'approche grammaticale pour les plus grands est toujours en lien avec le mouvement. Exemple du présent – deux formes en anglais : simple / on reste en place et
et -ing on saute à pieds joints.




David illustre les cours d'anglais en grandes classes : l'enjeu culturel de l'apprentissage de la langue et la dimension de la communication. L'attitude anglosaxonne, plus familière, plus « à la rencontre », peut être ressentie comme intrusive pour un Français. Importance de l'intonation, de la mélodie de la phrase. Distinction heat/hit, it/eat. Importance de l'articulation et de l'émotion dans la pièce de 10ème classe. Le sens est transmis par l’intonation et l'insistance ou l'emphase sur un ou des mots. L’anglais est une langue en mouvement "vers", ce qui se traduit par un mouvement corporel.



Question du public : Illustration des cours de la 6ème à la 8ème classe ?

 Ces classes sont détaillées dans le vademecum. Les professeurs présents ont trop peu d'expérience pour proposer une démonstration.

3- Présentation de l'ouvrage.


Projection des diapositives et commentaires de Céline.

L'ouvrage propose une vision d'ensemble très synthétique. Il est l'aboutissement d'un travail de mise en commun de 4 professeurs d'origines différentes : il peut servir de point de départ pour un professeur nouvellement nommé dans une école Waldorf et qui souhaite commencer à s'informer sur les particularités de la pédagogie.

Composition en 3 parties : La création de l'école Waldorf (Importance des langues dès le début) – Cadrages : classe par classe, cursus et rôle de l'enseignant. - Prolongements : références lexicales, grammaticales et bibliographiques.


Conclusion : Susanne précise que l'apprentissage de la langue n'est pas uniquement une question de communication. C'est une entrée dans une autre « façon d'être ». 

 

 

Céline conclut par un résumé des contributions : découverte de l'altérité – Confiance IntérêtJoie d'apprendre

CR établi par CB, 3 mai 2015