Étrange parcours du combattant pour les Français ?
La résonance du mot « étrangère » est une pierre d’achoppement, alors même que l’apprentissage n'a pas encore débuté ! Est-ce une façon détournée de prévenir l’apprenant des difficultés de son parcours ? De l'importance des différences avec sa propre langue ? Du nombre d'obstacles qui l'épuiseront et des inévitables souffrances à venir.L'expression française insiste malheureusement sur le caractère « étranger » de la nouvelle langue enseignée, comme si on se mettait à parler de « communication étrangère » au moment d’apprendre à écrire, puisque, d'un sens, l'alphabet n'a pas été inventé en France !
'Même une langue ne naît pas étrangère, elle le devient.'
Bien sûr, tout dépend de
l'interprétation qu'on fera du mot « étrangère » et du
contexte dans lequel on le situe. Si on y pense, pour ceux qui
s'apprêtent à vivre dans le village planétaire que devient le
monde petit à petit, le mot « étranger » a-t-il
toujours du sens ? Dans les écoles londoniennes, plus de 300 langues
différentes sont enseignées : par conséquent, en toute
logique, c’est l’anglais qui est la langue étrangère !
Certains mots nous attirent et
d’autres nous repoussent souvent d’une façon inconsciente :
prenons l'exemple de 'contrôle' ou 'cadeau'. Allons un peu plus
loin. Examinons l’expression suivante : l’accouchement sans
douleur. Le mot clé est douleur, plutôt 'sans douleur'. Afin de
saisir le sens de ces termes, le cerveau va se fixer d'abord sur le
mot 'douleur', puis inclure le ‘sans’. Le fait d’être orienté
‘douleur’ va impacter déjà le corps vers la douleur, même
avant de commencer à accoucher. De cette manière, on crée un
ancrage qui empêche paradoxalement de se former à un accouchement
effectivement sans douleur. Imaginons maintenant, au contraire, une
approche titrée ‘accoucher avec douceur’ ou même ‘accoucher
avec plaisir’ ! L’émotion sur laquelle vous vous focalisez
revêt une grande importance sur votre façon d'être.
Une, deux, trois langues et plus si affinités !
Utiliser une langue seconde
n'enlève rien de l'identité, au contraire. Cette deuxième langue
renforce l’unicité de la langue maternelle et offre la possibilité
d'un véritable intérêt pour les étrangers et leurs différences !
L'apprentissage d'une deuxième
langue est la suite naturelle de celui d’une première langue et
n’a rien d’étranger. Dès lors, il paraît plus facile et plus
engageant d'encourager la pratique d'une deuxième langue plutôt que
d'une langue étrangère. C’est une question d’étape.
La première étape est
d’apprendre sa première langue et puis, ensuite ou en parallèle,
une deuxième. Avec une telle approche, l’élève est dans un autre
état d’esprit. L’enchaînement est plus naturel, plus spontané
et plus ‘facile’, comme quand on s'initie à un premier sport,
puis à un deuxième, etc.
Comme on dit, ‘It’s all in the Head’…
David Miller Céline Bernard
NB - Probabilités du calcul des
langues parlées :
Hormis 'langues
étrangères', le français dispose de plusieurs termes pour désigner
les langues parlées différentes de la langue maternelle. La 'langue
seconde' est celle qui est la mieux maîtrisée et qui vient en
deuxième position, tandis que la 'deuxième langue vivante' (apprise
en classe, elle est raccourcie en LV2) vient en troisième position
des langues pratiquées, si classement il y a.
Du coup, même sans parler
de classes 'bilangues' ou 'bilingues', les confusions au sujet des
langues sont monnaie courante.