Le
Premier
Folio
est le nom donné par les spécialistes modernes à la première
compilation publiée des œuvres théâtrales de Shakespeare. Son
titre exact est Les
Comédies, histoires et tragédies de M. William Shakespeare
(Mr.
William Shakespeares Comedies, Histories & Tragedies). Il
contient
trente-six pièces et est édité en 1623 par John
Heminges
et Henry
Condell,
deux de ses collègues, à peu près sept ans après sa mort. Bien
que dix-huit de ces pièces aient été publiées in-quarto
avant 1623, le Premier Folio est le seul texte fiable pour une
vingtaine d'œuvres, ainsi qu'une source majeure pour les autres.
L'ouvrage recueille toutes les pièces généralement attribuées à
Shakespeare, à l'exception de Périclès,
prince de Tyr
et Les
Deux Nobles Cousins.
Il ne contient aucun de ses poèmes.
Aucun
original ni copie individuelle de ses pièces n’a été retrouvé.
Shakespeare or not Shakespeare ?
Il
existe toujours la théorie que Shakespeare était un prête-nom
ou
un pseudonyme utilisé par
Francis Bacon, ou le 17ème
Earl of Oxford, ou encore
Christopher
Marlowe, parmi les plus célèbres... A ce jour , le
débat est loin d'être clos : le
film ‘Anonymous’ soutient
la thèse que c’était le Earl of Oxford qui écrivait en cachette
tous les œuvres en se servant d’un pseudonyme
un peu rude et naïf : Shakespeare.
A contrario, Bill
Bryson développe
des arguments convaincants pour
prouver que
William Shakespeare
est le seul véritable auteur.
So be it.
17ème
Earl of Oxford.
De l'émotion avant toute chose !
Le
génie de Shakespeare continue aujourd’hui à nous stimuler, à
nous
émouvoir, et à
nous
influencer.
Ses
personnages traversent
les épreuves
de l’ambition, de l’intrigue, de l’amour et de la souffrance.
L’esprit
et de l’âme de l’être humain s'expriment
au travers de ses caractères et font profondément écho à nos
propres vies.
Ce
sont ces ressentis, ces états émotionnels universels, hors époque
et hors temps, qui nous relient. Ses personnages sont inspirés de
toutes les classes de la société dans laquelle il vivait et un
millénaire et demi
plus tard, nous nous
identifions
à ces figures
simples et complexes. De même, ses intrigues sont universelles,
qu’il s’agisse
de ses comédies, tragédies ou histoires, même si beaucoup sont
naturellement
empruntées
à
d’autres sources littéraires ou historiques, comme
le voulait l'époque. Nous ne nous formalisons guère de quelques
incohérences, ni de certains anachronismes
tels que des Égyptiens
de
l’antiquité
jouant
au billard, ni
non
plus de
séquences parfois illogiques d’événements : dans sa pièce
Coriolan,
le personnage Lartius fait référence à Caton 300 ans avant sa
naissance….L’émotion
avant toute logique, please, Sir William.
Le pouvoir shakespearien des mots
Enfin,
le
talent du poète réside essentiellement dans sa maîtrise
du langage.
D’abord,
on lui attribue le premier usage ‘écrit’ de 2035 mots, et ce à
partir de ses premières
œuvres, dont 800 de ces mots sont en usage aujourd’hui. En prenant
l’Oxford
Dictionary of Quotations comme référence, Shakespeare a produit
environ 1/10ème
des expressions en anglais
dignes d’être citées de façon orale ou écrite depuis la
création de ce dictionnaire. N’empêche que l’anglais comme
langue avait du mal à recevoir ses lettres de noblesse !
A
cette époque, entre les
années 1500
et 1650, quelque 12000 mots, un nombre phénoménal, sont entrés
dans la langue anglaise, et dont environ la moitié sont toujours
employés
aujourd’hui. De même, d'anciens
mots étaient réactualisés
et employés dans des tournures nouvelles :
les noms devenaient verbes ou
adverbes ; des adverbes devenaient
adjectifs. L’orthographe aussi était très variable sans que cela
ne
pose
problème. D’ailleurs, les règles comptaient peu
et
tout était possible. L’anglais s’était déchaîné
!
Liberté poétique et ressources pédagogiques
Pour
le professeur de langue anglaise, les
œuvres de Shakespeare
représentent
une source d’inspiration inépuisable. Aujourd’hui
comme
hier,
la langue anglaise est
plutôt
ouverte, accueillant volontairement des expressions et des mots venus
d’ailleurs, de toute source.
Pour
Rudolf Steiner, le professeur de langue «porte» la langue.
C'est-à-dire, en quelque sorte, qu’il est la langue par sa façon
d’être, par son comportement et par son émotionnel. À
lui d'exprimer
ce qui est visible et invisible dans
la langue.
Aussi,
les
mots portent-ils
toute l’histoire d’un peuple, de sa culture, de son aventure de
vie et de sa façon d’être à tous les niveaux. La
langue
est
à la fois impression
et
expression, projection
et rétrospective, développement et retour sur la condition humaine.
Porter la langue ? Facile à dire !
Effectivement,
«porter la langue» peut
sembler difficile à mettre en oeuvre,
sauf si on prend comme modèle, notre ancêtre, porteur de la langue
anglaise par
excellence,
Willy Shakespeare.
Il
s’agit alors de définir clairement la posture du professeur.
Est-il pourvoyeur de connaissances ? Déverse-t-il son discours
sans état d'âme ? Ou a contrario, le professeur s'engage-t-il
de toute son âme, entièrement, avec toute sa différence et son
caractère novateur ? Sans conteste, la seconde solution
permettra aux élèves d'appréhender la complexité et l'unicité de
la langue et de découvrir combien Shakespeare est une source
inépuisable.
Sans
vouloir
donner des recettes, voici des thèmes et des chemins à considérer
en vous inspirant de William Shakespeare, dit ‘The Bard’:
- La langue anglaise se construit et se déconstruit continuellement – jouer avec sa structure!
- De nouveaux mots sont conçus et intégrés, venant d’ailleurs, à tout moment – inventer, mélanger les mots.
- Les personnages simples et complexes sont de puissants vecteurs : grâce à leurs problèmes universels et à leurs excès émotionnels, dans des situations qui passent du comique au tragique – changer, devenir un autre personnage, et imaginer l’impact sur son langage, sa façon d’agir et de s’exprimer! Libérez tout un arc-en-ciel d'émotions !
- La familiarité et la franchise des personnages: poser des questions qui sont indiscrètes (pour le français) mais acceptables pour l’anglo-saxon sur le plan social !
- Tout est possible, et on dépasse les limites du réel vers l’irréel – l’imaginaire et la créativité sont les règles dans un cours de langue qui ignore l'ennui.
Nota
bene :
- Être dans le présent est très important pour l’anglais avec l’emploi de la forme progressive.
- Sa tendance à se placer dans le présent pour regarder le futur amène l’Anglais à envisager la solution plutôt que de rester ‘enfermé’ dans le problème.
- Le sens d’un message passe plus par la voix (ton, intonation, volume et accent tonique) que par la structure de la langue, comme, par exemple c’est le cas en français.
- Les situations stimulantes, inattendues et conviviales avec un sens dramatique éveillent la curiosité des élèves et les encourage à s’impliquer.
- Le mouvement du corps vers l’avant facilite une énonciation claire et posée.
Tout
cela est bien beau, mais pour 'porter
la langue',
le professeur a besoin de s'appuyer
sur son
propre imaginaire, de
développer son
désir de prendre des risques en
révélant sa créativité,
et comme Shakespeare, d'oser
passer du sublime au ridicule, de l’admiration à la moquerie, du
respect de soi à la dénégation et d’abnégation, et ce, dans un
contexte à la fois sérieux et ‘fun’. De
cette façon, il
saura
transmettre
tout ce qui est visible et invisible dans cette
langue anglaise, si étrangère pour
le non-initié.
La
préparation de chaque
cours réside
autant dans le
Comment
que
dans le Quoi
: comment transmettre
le contenu du cours ?
Chaque leçon est une expérience unique,
comme chaque scène du théâtre shakespearien.
David
Miller (Relecture et publication : Céline Bernard)
Bibliographie