mercredi 9 septembre 2015

Pédagogie d’ailleurs : l'ASIE 4/5

Tu me dis, j'oublie.

Tu m'enseignes, je me souviens.


Tu m'impliques, j'apprends.


(Benjamin Franklin)


En atteignant le but, on a manqué tout le reste ! (Proverbe japonais)

ECL : l'Étude Collective de la Leçon – Excellent pour Construire en toute Liberté !


L’enseignant asiatique détient plutôt le rôle d’un guide bien informé que celui d’un distributeur privilégié d’informations ou même d'un juge de ce qui est correct, ou pas. Son objectif consiste à conduire l’élève vers des expériences et des questions, jusqu'à trouver des réponses. Il s'efforce de stimuler l'intérêt et la curiosité des enfants, grâce à des situations concrètes, en appuyant sur ce qui est déjà connu pour grignoter du terrain sur ce qui ne l'est pas. Il laisse les élèves travailler en sous-groupes qui apportent leur réponse. La conclusion est annoncée par le chef de groupe lors de la mise en commun et collectivement, on en évalue la validité. Enfin, l’enseignant passe en revue ce qui a été appris et le relie à la problématique initiale.

La boucle est bouclée.

Pour l’enseignant asiatique, la connaissance est à élaborer inividuellement. On ne peut pas l'apporter de l'extérieur.


Comment s'y prend l'enseignant ?

Voici le processus de l'étude collective de leçon – ECL :


  1. Accueillir les élèves et introduire la leçon.
  2. Générer l’intérêt/surprise – créer un contexte ‘nouveau’ – Créer un événement. 
  3. Poser une question – ouverte, évidemment, pour stimuler la réflexion et appeler une diversité de réponses, en accordant à la recherche le temps nécessaire. 
  4. Répartir les élèves pour tester des réponses ensemble : groupes, discussion, essais. Au besoin, diriger l’attention vers les éléments importants du problème, en évitant d’apporter la réponse ! 
  5. Permettre le feedback de chaque groupe lors d'une mise en commun en classe entière. 
  6. Orienter le dialogue vers la ‘bonne réponse’. En parallèle, au tableau, dessiner un schéma, un graphique ou un tableau pour expliquer le processus ou l’organigramme qui ‘exprime’ la bonne réponse. Établir ce compte-rendu en parallèle permet d'apporter un modèle d’une façon ‘naturelle’, de lui donner dusens et de l’intègrer naturellement dans le cours. 
  7. Aider les élèves à lier les différentes parties de chaque leçon les unes aux autres, en expliquant, au besoin, le but ou les liens des activités variées, en soulignant le sens de la leçon.


Voici l'exemple d'une étude collective de leçon - ECL en anglais :


Le professeur d’anglais arrive avec une valise : Question – What’s in the suitcase – il note les réponses des élèves


Il ouvre la valise et sort un marteau what’s this ?
Les réponses sont notées sans commentaire ! Chaque fois qu’il sort un objet, même processus :

  • Boîte de céréales
  • un peigne
  • un bonbon
  • une brosse à dent
  • un magazine
  • une tasse
  • un stylo
  • un mouchoir
  • des pièces de monnaie, etc.


Les élèves se mettent dans leurs groupes et cherchent la réponse à la question suivante : ‘Quel est le lien, le point commun entre tous ces objets’?

Les réponses sont notées – sans commentaire du professeur.

A tour de rôle, chaque groupe choisit un objet, et est demandé de trouver autant d’actions possibles de mime avec cet objet, sans le présenter à la classe, dans un premier temps.

Ensuite, à tour de rôle, chaque groupe présente un des mimes à l’ensemble de la classe, avec le professeur qui intervient après chaque mime en demandant : What is he/she/le nom de l’élève doing ?

Il note les réponses justes au tableau. (Évidemment, il s’agit d’introduire la forme progressive du temps au présent en anglais).

Le professeur peut commencer à noter un schéma de cette forme linguistique.

La finalité sera d’amener les élèves à proposer des réponse à la question : When do we use such a form? en faisant le lien avec la question initiale : ‘Quel est le lien, le point commun entre tous ces objets?'

Au professeur « d’adapter » avec bon sens la leçon, en fonction du niveau, de la durée du cours, du nombre d’élèves, etc, afin de compléter ce travail d’une façon cohérente. Dans sa progression, il peut introduire la forme du présent simple, soit juste avant, soit juste après pour ensuite, lors d'une troisième étape, amener les élèves à ‘jongler’ avec les deux temps. Ce 'jonglage' est également l'occasion de créer une surprise et de stimuler la curiosité des élèves.

Le clou qui dépasse appelle le marteau. (Proverbe japonais)

Enfin, les enseignants prennent le temps d’échanger entre eux et de partager leurs points de vue et expériences de cette approche pédagogique, surtout en ce qui concerne les types de questions à poser aux élèves, pour les amener à s'intéresser à un problème donné.

Pour vous citer un exemple de ce type de question, sachant qu’il existe une myriade de questionnements possibles, on peut se référer à la remarque de Mr Henri Dahan, Délégué général - Fédération des écoles Steiner-Waldorf en France, dans son article sur les mathématiques, intitulé « Les Maths en Question » dans la revue SENTIERS du Mouvement de Pédagogie Waldorf-Steiner – Juin 2015. Il donne cet exemple : « Si, au lieu de demander invariablement aux élèves de 10 ans, par exemple : « Combien font 49 x 51 ? », on leur demandait plutôt : « Comment calcules-tu 49 x 51 ? »

Dans ce cas, il s’agit tout simplement de remplacer le 'Quoi' par ‘Comment’ ou Pourquoi’.



Pour vous citer encore un autre exemple, à propos de la 'surprise', ou d'événement à créer pour lancer une leçon, je voudrais évoquer l'idée qu'expose Erhard Dahl, professeur allemand de littérature anglaise, en pédagogie Waldorf, dans son livre Teaching Foreign Languages (Enseigner Les langues Etrangères, non traduit en français). Avant le début du cours, il passe un mot, en cachette, à un élève lui demandant, pendant qu'il est occupé à écrire au tableau le dos tourné, de se lever, d’avancer vers le bureau du professeur, de fouiller dans son sac, de prendre une barre chocolatée, et de retourner vers son siège en la mangeant ! La leçon commence. Le professeur fait semblant de n’avoir rien remarqué. Puis, comme prévu, ce même élève ressort la barre de chocolat et la croque ostensiblement ! C’est à ce moment que le professeur se réveille et ‘outragé’, s'écrie : « What did James do ? » , espérant qu'un élève osera dire : ‘He ate your chocolate'. Le professeur d'anglais aborde ainsi l'emploi du passé simple en anglais, permettant de ‘placer’ le passé composé et plus que parfait….tout en impliquant les élèves dans ce drame quasi shakespearien !

Voici un style d’exercice qui n’empêche pas de maintenir la routine, et permet de créer une certaine ambiance dans la classe.

Et vous, comment faites-vous pour calculer 49 x51 ?


D.Miller, avec la coopération de C. Bernard.

Série de 5 articles « Pédagogie d'ailleurs : le JAPON » - Dernier article le 9 septembre : Qu'en disent les parents ?

Source des images : http://www.denshift.com/japon/la-scolarite-au-japon-premiere-partie

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