mercredi 2 septembre 2015

Pédagogie d’ailleurs : L'ASIE 3/5


Tu me dis, j'oublie.


Tu m'enseignes, je me souviens.


Tu m'impliques, j'apprends.


(Benjamin Franklin)



L'école chinoise ou japonaise est fondée sur une question essentielle profondément enracinée dans sa culture : « Qu’est-ce qui transmet le mieux qui l’on est, ce qu’on ressent, en bref : le fond de notre âme ? »

Un quart de siècle après sa publication aux États-Unis, l'ouvrage de Stigler et Stevenson est toujours d'actualité.


Le comparatif des systèmes éducatifs asiatique et américain mené dans The learning Gap éclaire la question sous plusieurs angles. L'article précédent s'intéressait à l'organisation scolaire. Voyons maintenant les spécificités pédagogiques.


 Jette une pierre au hasard, tu blesses un professeur. (Proverbe japonais)


Les 4 piliers de l'école asiatique

1-Enseigner les routines :

En Asie, le professeur consacre le temps nécessaire à construire une sorte de méthodologie du travail en classe : comment organiser son bureau ? Comment utiliser les équipements, les douches par exemple ? Comment changer de vêtements pour une activité sportive et comment trouver le bon crayon dans sa trousse ?

De plus, il apprend à répondre clairement et intelligiblement aux questions, à prendre des notes et à s'organiser dans ses cahiers. Acquérir de telles compétences, quel qu'en soit le temps nécessaire, facilite grandement les apprentissages et encourage la créativité.

2-L’effort et la capacité :


En Asie, l’accent porte sur l’importance de l’effort et non pas sur les capacités innées. Cette tradition culturelle est issue de la philosophie de Confucius. Les différences de capacité entre les individus sont cependant reconnues, car personne ne peut prétendre que tout le monde est né avec les mêmes ressources.


L'essentiel de cette philosophie réside dans la volonté dont chacun fait preuve pour maximiser ses capacités propres. Ainsi, un manque de performance est-il la conséquence d’un manque d’effort plutôt que d’un manque de capacité ou d’obstacles personnels ou environnementaux ? Pour un Asiatique, le progrès est une avancée pas à pas, potentiellement accessible à tous.

3-Les erreurs :


Dans le système asiatique, les erreurs sont une partie naturelle du processus d’apprentissage, et en aucun cas un signe d’échec qui signifierait un défaut d'apprentissage peut-être ! Les enseignants chinois et japonais n’adaptent pas leur cursus en fonction des facilités ou des difficultés des élèves. Aux plus « lents » incombe l'obligation d'efforts supplémentaires.

Ainsi, les erreurs ne mettent-elles pas en cause la capacité de l’enfant. Elles représentent plutôt un moyen de progresser, puisqu'elles soulignent l'endroit où faire porter ses efforts. Par conséquent, l’enfant est moins gêné et a moins peur d’être mal jugé aussi bien par le professeur que par ses camarades. En outre, il n'est pas mis en compétition. Il s’agit bien plus d’un travail collectif de groupe, où chacun a son rôle que d’un travail individuel en compétition.

4-Le geste pédagogique :

Rappelons que cette étude remonte aux années 80 et que l'ouvrage The Learning Gap est paru en 1992. Plus d'un quart de siècle nous sépare. L'éducation au Japon a depuis également considérablement varié. Toujours est-il que l’idée reçue à cette époque, consistait à dire que l’enseignement était basé sur l’apprentissage mécanique ou par cœur, si l’on le préfère.Aujourd'hui, cette thèse est tenue pour totalement fausse : justement, c'est le contraire !


Chaque leçon dure environ 40 à 50 minutes.

L’enseignant débute le cours par l'annonce de l'intention du jour.

Il le termine par un récapitulatif de la leçon. et puis annonce ‘Nous sommes finis’. Pendant le cours, l’intention est que l’enseignant et les élèves travaillent ensemble vers l’objectif énoncé au début du cours.

Ce qui caractérise la classe en Chine et au Japon, est la désir de dispenser un cours cohérent, présenté d’une manière réfléchie, détendue et non autoritaire. En fin de compte, l’enseignant passe très peu de temps à faire des exposés magistraux. Il oriente sa leçon vers une habile résolution de problème, apportant comme support des matériaux multiples, variés et représentatifs.

D.Miller, avec la participation de C. Bernard.

Série de 5 articles « Pédagogie d'ailleurs : l'ASIE » - Prochain article le 14 septembre : L'Etude Collective de la Leçon, ECL – 4/5

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