lundi 24 août 2015

Pédagogie d’ailleurs : l'ASIE 2/5


Tu me dis, j'oublie.


Tu m'enseignes, je me souviens.


Tu m'impliques, j'apprends.


(Benjamin Franklin)


« Quel est LE problème des cours de langue en France ? »

Pourquoi le cursus de langues étrangères dans le système Waldorf Steiner comme dans d’autres systèmes éducatifs, en France – en principe, il faut exclure les écoles bilingues, qui recrutent dès le départ sur dossier des élèves sélectionnés - ne permet-il pas d’assurer un bon niveau général en langues vivantes ?
La réponse est simple : d'une part, le nombre d'heures de cours est insuffisant ; d'autre part, on accorde aux langues vivantes trop peu d'importance.
Ce qui sauve, en partie, les écoles Waldorf Steiner est la possibilité de bénéficier de longs échanges scolaires internationaux (deux à trois mois), à condition toutefois que l'élève accepte de partir, que l'école ciblée accepte de le recevoir et les parents puissent payer le voyage. Souvent, l’élève qui part avec un niveau insuffisant pour vraiment profiter d’un tel séjour, au regard d'une participation active dans le cursus de l’école, revient plus à l’aise dans la langue et réellement touché par la nouvelle culture. Malgré tout, ses erreurs de grammaire et de syntaxe subsistent généralement : par politesse, ses hôtes ne vont pas le corriger systématiquement, noblesse oblige !

Aussi, toute idée, approche ou technique pédagogique qui aiderait peu ou prou le professeur de langue à accompagner les élèves de sa classe et à les faire progresser, vaut-elle la peine d’être évaluée, voire testée.

Revenons donc aux trouvailles asiatiques de nos deux enquêteurs américains.

« L'eau prend toujours la forme du vase. »(Proverbe japonais)


Leur démarche comparative ne consiste pas à chercher un champion de la pédagogie Asie vs Europe, ni à promouvoir un système sélectif. Il ne s'agit pas non plus d'augmenter les notes des élèves, encore moins de décerner des prix d'excellence, surtout pour ce qui est de la pédagogie Waldorf, ni de viser des mentions et autres distinctions diverses, traditionnelles et culturelles.

Par la comparaison, les universitaires ont cherché à soumettre aux professeurs de langues des perspectives nouvelles pour les cours de langue. Leur vie, ainsi que celle de leurs élèves, nourries de points de vue différents, pourrait ainsi s’améliorer !

Dans l'organisation scolaire asiatique, il est intéressant de relever certaines ressemblances avec la pédagogie Waldorf Steiner.

Comment les classes en primaire et au collège sont-elles organisées ?

Dans les trois pays asiatiques étudiés, le nombre d’élèves variaient entre 38 à 50 par classe, avec des conditions matérielles, bien inférieures à celles des États-Unis, sans division en fonction des compétences, ni possibilité de dédoublement.

Afin de gérer un si grand nombre, dès l'entrée en primaire, le professeur consacre le temps nécessaire à enseigner aux nouveaux arrivants les principes et les bases du travail en groupe.

Ainsi, au tout début de leur scolarité, les enfants apprennent-ils à passer d’une activité à l’autre et à s'organiser pour retrouver facilement leurs affaires.

Chacun apprend à faire attention, à suivre les consignes et à s’exprimer fortement et clairement afin d’être compris.

Si le professeur accepte d’investir ce temps pour la gestion du travail scolaire, c'est qu'il accompagnera les mêmes enfants pendant 2 ou 3 ans et pourra en tirer parti au quotidien et sur la durée.

En ce qui concerne la discipline et la propreté de chaque classe, les enfants sont plus impliqués. On confie aux enfants la responsabilité du ménage, des repas et de la tenue de la salle de classe, et de même, pour la discipline, le professeur s'appuie sur le chef de classe. Ce rôle est dévolu tour à tour à chaque élève et puisque chacun est conscient qu’il aura à l'endosser, il est plus enclin à suivre les propositions du chef de classe actuel.


Lorsque l'eau monte, le bateau fait de même. (Proverbe japonais)



En somme, la participation active des élèves est une garantie essentielle du bon déroulement de chaque classe, aussi bien sur le plan relationnel que sur le plan matériel. L'enseignant a un rôle d'éducateur : il prépare et accompagne les élèves à effectuer des tâches collectives, et à veiller à la bonne tenue de son matériel personnel.

Les interactions sociales sont à niveau !




L'organisation scolaire asiatique cultive les relations à tous niveaux.

D’abord, les enfants habitent près de leur école et s'y rendent à pied, ce qui favorise la camaraderie et les relations de voisinage.

Dans les écoles chinoises et japonaises, chaque cours est suivi d’une petite récréation, soit 4 ou 5 pauses de 10 à 15 minutes par jour. Les élèves se livrent à des activités dynamiques, telles que le ping-pong, la corde à sauter, le badminton, le basketball, etc. De retour en classe, ils ont moins besoin de ‘bouger’ et sont plus attentifs.

Dans chaque classe, les élèves travaillent plus souvent en groupes que dans les écoles occidentales. Dans ces équipes hétérogènes, les uns aident les autres en fonction de la matière abordée. L'enseignant privilégie les démarches de découverte et de soutien, ce qui favorise chez les élèves le sentiment d'appartenance à un groupe. Chaque groupe met en présence des compétences et des facultés différents : talents artistiques, sportifs, etc. Ce type d’organisation permet aux enfants d’évaluer toutes les façons différentes que les individus peuvent mettre en œuvre pour contribuer au succès et élaborer une solution collective. Même si chaque groupe a son « meilleur élève » (top student), on ne regroupe jamais les meilleurs élèves ensemble.



Le travail individuel devant un bureau ne représente qu’environ 30% du temps de classe. On consacre donc soit 70% au collectif, pour renforcer le sentiment de la collectivité et diminuer l'isolement de l'élève face aux apprentissages.





D.Miller, avec la participation de C. Bernard.

Série de 5 articles « Pédagogie d'ailleurs : l'Asie » - Prochain article le 2 septembre : Les 4 piliers de l'école japonaise – 3/5.

Source des images : http://geographie.lapin.org/article.php3?id_article=112

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